Oliviers Vent debout contre Xylella fastidiosa
Près de 350 spécialistes internationaux en santé des plantes ont assisté aux deux jours de conférence et de discussions intenses sur la manière dont la science peut contribuer à trouver des solutions à cet agent pathogène qui engendre de graves dommages économiques et environnementaux en Europe.
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« Faute de remède contre Xylella fastidiosa, cette bactérie “tueuse” d’oliviers qui fait des ravages, notamment en Italie, la priorité est encore à la prévention », ont concédé les 350 chercheurs réunis les 29 et 30 octobre 2019, à Ajaccio (Corse) pour la deuxième conférence européenne sur le sujet. « L’ensemble du territoire de l’UE est menacé par la bactérie ; plus la communauté scientifique travaillera de concert sur cette question, plus vite nous trouverons des solutions pour lutter contre ce fléau », a déclaré Claude Bragard, président du groupe scientifique de l’EFSA sur la santé des végétaux.
Une menace en France
Xylella fastidiosa peut contaminer plus de 200 plantes différentes, « des plantes sauvages, aromatiques, ornementales et des plantes cultivées alimentaires, et plus de 70 espèces d’insectes peuvent la transporter », souligne Philippe Reignault, directeur de la santé des végétaux à l’Anses (1). Cette bactérie est présente en France depuis 2015, sur une partie du littoral méditerranéen, dans les zones de Menton, entre Nice et Fréjus et à Toulon, ainsi qu’en Corse.
Pour la première fois en France, deux oliviers d’ornement ont été testés positifs à Xylella fastidiosa en septembre, l’un à Menton et l’autre à Antibes (Alpes-Maritimes). Aucun olivier de production n’a cependant été frappé par cette bactérie dans le pays, alors qu’elle a fait des ravages dans les vergers des Pouilles, en Italie. Critiquant la fiabilité des analyses, la présidente du Syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de la Corse (Sidoc), Sandrine Marfisi, a estimé en septembre que l’étendue de la maladie était sous-estimée et confondue à tort avec les effets de la sécheresse.
Des pistes à explorer
« Aujourd’hui, il n’existe aucun moyen de contrôle efficace contre cette bactérie », qui touche l’intégralité du territoire de l’Union européenne, a reconnu Philippe Reignault. C’est pour cela que sont mises en place des mesures phytosanitaires qui cherchent à éradiquer un foyer sitôt identifié, pour que la bactérie ne se propage pas », a-t-il expliqué. Du côté de la prévention, les chercheurs ont notamment évoqué la surveillance via satellite, qui permettrait de détecter des plantes touchées par la maladie avant que cela soit visible à l’œil nu.
En parallèle, la recherche contre la bactérie avance. « On a quelques pistes de recherche, des essais, mais ces démarches sont cantonnées à l’échelle expérimentale en laboratoire », indique Philippe Reignault. L’une des pistes serait d’intervenir sur les insectes qui transportent cette bactérie, ce qui « limiterait de manière importante la dissémination de la maladie », a témoigné Marie-Agnès Jacques, chercheur à l’Inra. Autre solution envisagée, « la lutte biologique, avec l’application d’organismes pour stimuler les défenses de la plante, la recherche de variétés résistantes, ou encore des tests de différentes pratiques culturelles pour essayer de diminuer le côté favorable de l’environnement pour la maladie », a poursuivi la scientifique.
J. P., avec l’AFP
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
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